Mais qu'est-ce qu’il me prend ?! Moi qui détestais les poupées (c'est pour les filles ces trucs là!), me voilà en train de gribouiller des princesses à gogo ! Comme quoi, on est toujours rattrapé par son passé ...
Pour nos six ans, notre grand-mère, croyant nous faire plaisir, nous offrit à ma sœur et à moi-même, une poupée. Dramatique! comment avait-elle put nous faire une chose pareille? Si les filles aiment généralement les poupées, nous les détestions, nous!
Par contre, nous avions développé un amour sans limite pour les peluches. Notre chambre était leur royaume. En résumé: les animaux, oui, les êtres humains, non. Qu'on se rassure, ou qu'on s'inquiète, ma sœur est aujourd'hui psychologue... Relation de cause à effet?
Par contre, nous avions développé un amour sans limite pour les peluches. Notre chambre était leur royaume. En résumé: les animaux, oui, les êtres humains, non. Qu'on se rassure, ou qu'on s'inquiète, ma sœur est aujourd'hui psychologue... Relation de cause à effet?
Bref, nous rentrons à la maison avec nos deux poupées. et les fourrons immédiatement dans un coin. Expulsées du royaume. Impossible de tolérer leur présence en ces lieux. Cependant, l'histoire ne s'arrête pas là. Intervient alors le grand-frère. Tel Tom-Tom du Bouchon (sauf que chez nous, il y avait deux "Nana du Bouchon"), il avait pour habitude, de nous raconter les pires horreurs qui soient. Cette fois, il se surpassa ...
« Les filles, la nuit quand vous dormez, les poupées viennent frapper vos peluches ! »
Il poussa le raffinement jusqu'à faire témoigner l’une de nos innombrables peluches qui se plaignit, effectivement, d'avoir été maltraitée par les poupées Tiny (c'était leur nom). L'opération commando fut immédiatement décidée! Toute la nuit, ma sœur et moi, parlementâmes dans notre chambre. Il fallait agir au plus vite, la vie de nos peluches en dépendait. Au petit matin, les cernes sous les yeux mais le sourire aux lèvres, nous avions un plan!
Avertissement: le passage qui suit peut heurter la sensibilité de certains de nos lecteurs, même si je passe directement à l'épilogue, celui-ci conserve de rudes passages.
Quand nos parents découvrirent le massacre, il fallut nous justifier. Les poupées Tiny avaient été sauvagement découpées en rondelles, tondues aux ciseaux, les yeux expulsés des orbites. Les morceaux, comme dans les meilleurs films noirs, avaient été placés dans des sacs plastiques. On eût beau fournir nos explications: "Mince, elles tapaient tout de même nos peluches en douce! Nous ne pouvions pas faire moins!'', nos parents ne semblaient nullement convaincus par l'argumentaire. Leçon de morale en découlant :
« Pensez à votre petite mamie, si elle savait ce que vous aviez fait de son cadeau ! » (argument de poids, nous adorons notre grand-mère !)
« Vous n’êtes que des petites filles pourries gâtées! »
(insulte suprême, c’était un peu l’idée qu’on se faisait des poupées : ‘’des petites filles pourries gâtées’’ !)
(insulte suprême, c’était un peu l’idée qu’on se faisait des poupées : ‘’des petites filles pourries gâtées’’ !)
« Si vous n'en vouliez pas, vous auriez pu les offrir à un autre enfant à qui ça aurait fait plaisir »
(depuis ce jour, je veux me lancer dans l’humanitaire !)
etc.
(depuis ce jour, je veux me lancer dans l’humanitaire !)
etc.
Enfin, voilà. Une bêtise de plus à ajouter à la longue liste qui précédait et qui suivra. Bien sûr, comme à son habitude, notre frère sut se faire oublier traîtreusement dans l'histoire. Découvrant en même temps que nos parents le massacre des poupées, il fila curieusement dans sa chambre sans dire un mot. Nous ne pouvions pas l'accuser de son rôle de délateur de poupées pour apporter des arguments à la partie civile. L'Omerta, était de mise entre nous. Un grand-père Corse et un autre Italien, ça pèse dans l'hérédité.
Aujourd'hui, je suis heureuse d'avoir pu dépasser cet évènement. Désormais, je ne casse plus mes cadeaux, même quand je ne les apprécie pas de trop et surtout, je ne crois plus de trop à ces histoires de poupées qui viennent taper les peluches la nuit ...
En ce jour de commémoration solennelle, je tiens à rallumer la flamme du souvenir des martyrs et rendre un vibrant hommage aux cadeaux massacrés de notre pauvre petite grand-mère. Réunis sur ce nouveau dessin ''C'était mieux au Moyen-Age'', deux poupées et un nounours font œuvre de réconciliation sacrée...
« Si elles attaquent, prends tout de même l'épée derrière toi! »
*****
Moi, je pense que les clowns, c'est encore plus dangereux pour les peluches!
RépondreSupprimerLes clowns, effectivement, je ne peux toujours pas ... Encore quelques années de thérapie et qui sait ...
RépondreSupprimerVingt ans après, certains de vos comportements étranges s'expliquent. J'en discuterai à Madrid avec le grand frère.
RépondreSupprimer