dimanche 25 mai 2008

Acasa

Highslide JS



Confinée dans une boule de verre, courte journée d’hiver, quand le ciel cotonneux, descend sur la terre… Et puis vers le soir, les fils gris perlés du cocon hivernal se sont teintés de bleu puis enfin dissipés. A cette heure, la lune se perd dans une immensité glacée et silencieuse. On observe avec émotion l’arrivée des derniers flocons sur terre. Ils ont sans doute hésité avant de faire le grand saut et préféré descendre, l’affluence de l’après-midi dissipée. Si certains, pour avancer, ont besoin de sentir monter en eux l’ivresse de la foule, d’autres, plus pausé, préfèrent prendre seuls le grand envol persuadés que le choix leur appartenait pleinement. Ils arrivent, les voilà les derniers courageux. Ils semblent venir d'un monde si lointain. Petites bulles échappées des nues où montées des abysses selon la position dans laquelle on secoue la boule.

C’est au sein de ce décor, qu'on peut apprécier toute la gaieté de cette petite pièce. Cette unique pièce. Pas d’exigence pour cette grand-mère roumaine: une maison «monocellulaire». Bien plus commode à chauffer. Une table et deux chaises de bois, un lit-divan mais, s’il-vous-plaît, recouvert de la traditionnelle couverture de laine, ingrédient indispensable entrant dans la dote. Les bûches sont régulièrement enfournées dans le «Soba», sur le feu fricote la «mămăligă», et des petites tasses, l’odeur suave de la «ţuică» monte encore, témoin nuageux d’un récent emplissage. C’est qu’à cette époque, elle se fait douce. Versez là dans l’«ibric», ajoutez une bonne cuillère de sucre, tournez sur le poêle. Patientez un peu, si vous n'êtes pas trop préssés, jusqu’à ce qu’elle tiédisse. Les visites sont fréquentes durant ces longues soirées qui précèdent les fêtes de fin d'année et il n'est pas besoin de chercher bien loin un prétexte pour qu'on vous serve un petit verre réconfortant. Maux de tête, rages de dents, lutte contre un mauvais «courant», la « ţuică » est la vraie et seule panacée! Sur l’épais manteau de neige, petits pas de fourmis, sentiers bleus givrés fils d'Ariane qui unit tous les foyers. On chemine de maison en maison, à l'intérieur, un petit air de flûte, on répète les chants pour Noël. Élément important de ces processions, négocier le temps des bouchers. La St «Ignat» approche et les braves petits cochons vont bientôt se faire égorger. Comment envisager les réjouissances festives autour d’une table couverte de cochonnailles et renoncer au sacrifice de nos petits porcelets? Depuis l’été, ils ont été bichonnés et rien ne leur a été refusé : promenades, toilettage et repas de choix. On va jusqu'à faire bouillir sur le feu, les épis de maïs et les petites pommes de terres pour les rendre plus tendres sous leurs dents. Et puis comme le montre l'illustration, pourquoi ne pas leur accorder un petit somme sur l’oreiller? Il faut choyer ceux qui seront bientôt les rois de la fête !

Je termine ce billet, en rassurant les âmes sensibles. Le brave petit cochon qui dort sur le divan de notre petite grand-mère sera bien entendu épargné. Depuis le temps qu’ils sont amis, impossible pour elle de lui faire un coup pareil !


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